La musique dans les chants liturgiques de la confrérie religieuse ” Sulamiya “
Les chants liturgiques de la confrérie religieuse « Sulamya », occupent une place
privilégiée dans la tradition musicale orale de la Tunisie. Le patrimoine de cette confrérie,
objet de la présente étude, se compose essentiellement d’invocations et de chants en
langue arabe classique et en dialectal tunisien.
Les études relatives à la tradition des « turuq » (confréries), ont porté sur l’origine
de la pensée mystique, sur les invocations « adhkar » et sur les interprétations avancées
par les exégètes musulmans au sujet de la pratique musicale. Mais l’analyse musicale des
chants soufis, a été négligée sciemment ou par omission, car la musique des confréries
religieuses a été longtemps considérée de qualité inférieure par rapport aux autres genres
de musique dite « d’art ».
La démarche de la présente recherche vise à combler ces lacunes en mettant l’accent
sur les aspects musicaux de la tradition chantée relative à la « Sulamya » : l’analyse
des modes, rythmes, improvisations, cantiques et autres chants y constitue l’élément
prédominant. Au bout de cette démarche, la tradition musicale de la « Sulamya » apparaît
comme l’expression authentique qui traduit les fondements de la pensée mystique des
fidèles, reflète leur attachement aux préceptes de l’islam et aux principes du soufisme
tels que prêchés par Sidi Abdessalam Lasmar, fondateur de la confrérie.
Cette expression, encore vivante de nos jours, est une synthèse des éléments structurels
de la musique profane tunisienne, elle constitue le lien unique entre la musique
traditionnelle d’inspiration arabo-andalouse et la vieille musique folklorique.