Le Département des Arts de l’Académie des sciences, des lettres et des arts, Beit al-Hikma, a tenu sa conférence inaugurale de l’année académique 2022/2023, le 17 novembre 2022, sur le thème du théâtre en Africa (La Tunisie antique).
Le président du Département, le Pr Samir Becha, a annoncé dans son mot d’ouverture que cette conférence ambitionnait d’être la première d’une série de rencontres qui s’inscriraient dans le cadre d’un projet de colloque dont l’objectif est de retracer les différentes composantes de cet art majeur en Tunisie et de son évolution.
La conférencière, Pre Leila Ladjimi Sebaï, historienne, archéologue, épigraphiste et membre de l’Académie Beit al-Hikma, a expliqué que cette démarche, qui prend pour point de départ la Tunisie à l’ère de l’Antiquité romaine, constituait un jalon indispensable à la compréhension de cette expression fondamentale de l’homme et à l’avenir du quatrième art.
Le théâtre, issu à l’origine d’une expression religieuse fondamentale, est passé progressivement du sacré au profane pour devenir l’un des atouts majeurs de la politique de romanisation de l’ancienne Africa (dont la capitale était Carthage).
Toutefois, c’est la religion même qui sera, en grande partie, responsable de sa disparition : certains écrits des Pères de la chrétienté africaine, comme Tertullien ou Saint Augustin, en témoignent, à travers leurs anathèmes et leurs interdictions de fréquenter ces lieux (les théâtres) jugés infâmes. En 439, les envahisseurs vandales, des chrétiens ariens, détruisirent de fond en comble le grand théâtre de Carthage…
Dans un pays de grande et de vieille civilisation comme la Tunisie, creuset de nombreuses cultures, cet art est l’un de ceux qui illustrent le mieux le concept de patrimoine immatériel. D’où l’intérêt d’une démarche scientifique et artistique qui viserait à en sauver la mémoire d’abord, et ensuite, à le réinsérer, sérieusement, dans le circuit culturel, au sens large du terme.
Revue de presse
Le Temps 23/11/2022
Le Temps 17/11/2022
Résumé
Cette présentation est le premier exercice d’un projet de colloque qui essayera de retracer les différentes composantes de cet art majeur en Tunisie, et son évolution.
Pendant toute l’antiquité romaine, objet de notre propos d’aujourd’hui, nous essayerons de démontrer combien cet art fut propre à notre pays malgré ses origines étrangères. Nous présenterons un état de la question qui ne sera certes pas exhaustif vu l’importance du sujet, la quantité et la qualité des documents qui permettent de l’aborder. Tout en se référant à la naissance de ce qu’on appelle le théâtre qui désigne d’abord le monument, nous essayerons de démontrer combien l’art théâtral qui en découle est issu d’une expression religieuse fondamentale ; cette expressionest passée progressivement du sacré au profane pour devenir l’un des atouts majeurs de la politique de romanisation de l’ancienne Africa (une partie de notre Maghreb actuel qui avait pour capitale Carthage).
Mais si la religion a favorisé la naissance de cetart, c’est bien la religion qui sera, en grande partie, responsable de sa disparition. Certains écrits des Pères de la chrétienté africaine, comme Tertullien ou Saint Augustin, sont là pour en témoigner à travers leurs anathèmes et leurs interdictions de fréquenter des lieux jugés infâme.
Et en 439,les envahisseurs vandales, des chrétiens ariens, détruisirent de fond en combles le grand théâtre de Carthage…
Pr. Leïla Ladjimi Sebaï
