
Résumé
Comparées à sa Risālat al-Tawḥīd, qui a fait l’objet de tant d’attention de la part des chercheurs et a été traduite dans plusieurs langues européennes, deux œuvres philosophiques de Muḥammad ʿAbduh (m. 1323/1905), plus complexes sur le plan technique, restent dans l’ombre. Cet article se propose de replacer dans leur contexte la composition et la publication ultérieure par ʿAbduh de ces deux œuvres philosophiques peu étudiées. La première – sa Ḥāshiyah sur le Sharḥ de Jalāl al-Dīn al-Dawānī (m. 908/1502) sur al-ʿAqāʾid al-ʿAḍudiyyah de ʿAḍud al-Dīn al-Ījī (m. 756/1355) (Le Caire : al-Maṭbaʿah al-Khayriyyah, 1905) – est un supercommentaire continu (bien qu’incomplet) qui démontre la maîtrise de ʿAbduh de la longue tradition de la théologie philosophique post-avicennienne. La seconde – ses Taʿlīqāt (ou Taʿālīq) sur al-Baṣāʾir al-Naṣīriyyah fī ʿIlm al-Manṭiq d’Ibn Sahlān al-Sāwī (d. ca. 566/1170) (Le Caire : al-Maṭbaʿah al-Kubrā al-Amīriyyah, 1898) – est un ensemble de gloses discontinues qui reflètent la tentative de ʿAbduh de revenir à la première phase de la tradition logique post-avicennienne. Quelles étaient exactement les motivations de ʿAbduh lors de la composition de ces deux ouvrages de commentaire ? Dans quelle mesure montrent-ils son engagement dans les traditions de la théologie philosophique et de la logique post-avicenniennes, et à quel degré indiquent-ils son éloignement de ces traditions ? Quelles étaient les raisons exactes qui ont motivé leur publication par ces presses particulières en ces temps précis? Qui a participé à leur édition et à leur publication, et quel était leur lectorat visé? Cet article abordera ces questions et d’autres encore (y compris celle des récentes contestations de la paternité de la Ḥāshiyah par ʿAbduh), avec l’espoir de faire la lumière sur les conceptions modernistes arabes de la fin du XIXe siècle concernant l’héritage philosophique islamique.
