En droit islamique, le concept de jihad occupe une place privilégiée parmi les différentes sources d’inspiration juridique. Le Jihad a été étudié dans presque tous les traités de droit musulman. À ses origines, le « Jihad » apparaît comme l’un des concepts phares de l’Islam, son essence militaire.
Bien qu’abordé par d’innombrables plumes dans les temps anciens et modernes, le thème du Jihad demeure encore un sujet d’examen pour certaines raisons. La plus invoquée est probablement le débat constant, dans l’actualité, autour de la théorie et de la pratique du jihad ainsi que ses avatars politiques islamistes.
Considéré comme le concept le plus controversé – et souvent mal compris – de la religion musulmane, le jihad se trouve, en effet, depuis de nombreuses années, au centre de tous les débats et analyses.
Cette conférence s’est, ainsi, proposée de revisiter l’œuvre jurisprudentielle consacrée au Jihad, dans les différents courants et obédiences islamiques, et son évolution historique.
Lors de l’étude du contenu du code jurisprudentiel relatif au jihad, le conférencier Pr Taoufik Ben Ameur a rappelé la polysémie du concept du jihad.
Le jihad jihad signifie avant tout ‘effort’. Mais De quel type d’effort s’agit-il ?
La première sorte de jihad entendue sous forme d’un effort moral ou intellectuel (comment devenir un bon musulman) se retrouve tout au long des sourates et versets du Coran, qui donne les prescriptions nécessaires à l’Homme pour que ce dernier puisse devenir meilleur dans ce monde et trouver son salut dans l’Au-delà. Ainsi, le Coran véhicule une pensée morale dont l’arme principale est le jihad entendu sous sa forme générique.
Le jihad, dans sa notion de guerre sainte, est l’effort/l’acte de combattre au nom de la cause de l’Islam. Cette notion soulève, bien entendu, la différence entre jihad défensif (jihād al-difāa) et offensif.. Le jihad défensif peut être assimilé à une forme spécifique de légitime défense qui se rapproche, à certains égards, de celle développée par le droit international contemporain.
La vocation offensive du jihād (jihad at-talab) s’explique moins par des raisons religieuses que par la volonté des Musulmans d’étendre leurs pouvoirs et d’élargir les territoires dans le monde, qui est réparti, selon certaines écoles juridiques musulmanes, en trois parties : parties du monde où les lois islamiques gouvernent (Dar al-Islam), parties du monde où les Musulmans s’engagent à ne pas mener d’offensives (Dar al-Aâhd) et les régions des incroyants (Dar al-Kofr).
Cette conception recouvre l’acception d’un jihad permanent contre les impies, tandis qu’il est concevable que la religion musulmane opte pour un modus vivendi avec les Gens du livre (Ahl al-Kitab).
La conférence a été reportée au mercredi 06 décembre 2023, à 11h00
Revue de presse
Réalités N°1974 du 23 au 29/11/2023
