Dans le cadre des activités académiques du département des sciences de l’Académie Tunisienne des sciences, des lettres et des arts « Beït al-Hikma », l’académicienne Amel Ben Ammar Elgaaied a donné le jeudi 24 mars 2022, une conférence autour du thème La génomique nutritionnelle ou comment interagissent nos gènes avec nos aliments.
Vous êtes-vous posé la question de savoir pourquoi le régime alimentaire qui convient à votre voisin n’est pas forcément adapté à votre organisme ? L’alimentation optimale ne semble pas être la même pour tous. En effet, des variations génétiques influencent la façon dont on absorbe, transporte, stocke ou métabolise les nutriments. Ces variations peuvent déterminer des besoins nutritionnels différents et aussi les comportements et les goûts alimentaires. Parce que nous n’avons pas tous le même profil génétique, nous n’avons pas tous le même métabolisme ni les mêmes besoins alimentaires. La nutrigénétique étudie comment les différences génétiques entre les individus influencent la réponse de leur organisme aux aliments. Cette information peut être appliquée pour améliorer la santé et prévenir ou traiter les maladies. Le but de la nutrigénétique est de permettre aux diététiciens et aux médecins de proposer une nutrition personnalisée en fonction du patrimoine génétique individuel.
La nutrigénétique est une spécialité de la génomique nutritionnelle qui est une science qui s’intéresse à la relation entre le génome humain, la nutrition et la santé.
La génomique nutritionnelle comprend aussi une autre spécialité appelée nutrigénomique qui étudie l’effet des nutriments sur la santé, en analysant les modifications qu’ils provoquent sur l’expression des gènes et les changements physiologiques qui en résultent. Cette deuxième spécialité tente d’expliquer comment notre alimentation et notre mode de vie influencent l’expression de nos gènes à travers des modifications épigénétiques. Ces dernières n’affectent pas la séquence des gènes mais modifient leur d’expression, de manière réversible, transmissible lors des divisions cellulaires et adaptative sous l’effet de l’environnement. Ainsi des vrais jumeaux ayant vécu dans des environnements différents et avec des modes de vie différents vont présenter des différences épigénétiques alors qu’ils possèdent le même génome. De ce fait, ils peuvent ne pas avoir les mêmes maladies et même finir par ne plus avoir des apparences identiques. Autrement dit, l’épigénétique qui se situe à l’interface entre génome et environnement concerne l’ensemble des mécanismes qui gouvernent la façon dont le génotype est utilisé pour créer un phénotype.
Ces interactions génomes/ nutriments se sont accompagnées de mécanismes de sélection génétique qui ont permis l’adaptation de l’espèce humaine à son environnement. Le changement brusque du régime alimentaire et du mode de vie au cours de ces dernières décennies, implique que certains gènes sélectionnés depuis la préhistoire, puissent s’avérer, dans le contexte de la société actuelle, des gènes à risque de maladie et d’obésité.