
Présentation du livre “Transgresser la loi”
Cet ouvrage collectif constitue un chantier neuf pour la sociologie en Tunisie qui se propose d’aller au-delà des travaux sur la marginalité et « l’exclusion » (tahmich) – devenues un leitmotiv – afin de saisir, par le bas, dans les processus sociaux, les dynamiques qui favorisent l’extension des illégalismes et des arrangements et leurs confèrent une certaine légitimité. L’enjeu est de proposer une lecture socio-anthropologique des transformations sociales, de la dynamique de la relation État-société et de faire société ; de la construction des mondes sociaux tels qu’ils sont travaillés par des activités « illégales », non-instituées, officieuses, dont la sociologie a parfois sous-estimé l’importance.
La perspective adoptée cherche à inverser la tendance dominante en sciences sociales, à prendre le contre-pied de ses présupposés, afin d’investir ce qui se passe à la marge, dans les bordures et les interstices, les angles morts et zones grises qui demeurent, faut-il le rappeler, les moins accessibles.
Ce parti pris s’inscrit aussi dans la problématique selon laquelle les sociétés peuvent être mieux comprises à travers ce qu’elles refoulent sur ses marges ; à travers les pratiques dissidentes, les formes d’activité subversives et de révoltes, etc. et dont les illégalismes et arrangements constituent une illustration exemplaire.
Il s’agit, par conséquent, de partir de ces pratiques dites « hors-normes » pour comprendre la normativité qui les sous-tend, la manière dont les acteurs jouent avec les normes, s’arrangent avec la loi, de saisir les différentes relations et articulations entre le légal et l’illégal dans le but de pénétrer au cœur des logiques de fonctionnement des pratiques d’arrangement et des formes d’illégalisme.
