L’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, « Beit al-Hikma », a organisé, le mercredi 17 mai 2023, en partenariat avec le Centre d’Etudes Maghrébines à Tunis (CEMAT) et le Columbia Global Centers, une conférence autour du thème « The business of government : the changing purposes of the State in the Arab world ».
La conférence a été donnée, en langue anglaise, par la Pre Lisa Anderson, ancienne présidente de l’Université américaine du Caire pendant cinq (2011-2016) après en avoir été doyenne entre 2008 et 2011. Elle a également été la doyenne de l’École des affaires internationales et publiques (School of International and Public Affairs) de l’Université de Columbia entre 1997 et 2007. Politologue, ses recherches portent sur la formation de l’État au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et sur les changements de régimes et la démocratisation des pays en développement. Elle travaille également sur les sciences sociales, la recherche universitaire et les politiques publiques dans le monde entier. Parmi ses livres, citons The State and Social Transformation in Tunisia and Libya, 1830-1980 et Pursuing Truth, Exercising Power : Social Science and Public Policy in the Twenty-first Century.
La conférencière a rappelé au cours de son intervention que l’exercice de l’autorité politique dans le monde arabe moderne a connu trois ères de contestation alors que les États, les régimes et les entreprises privées ont, tour à tour, servi de mesure et de lieu de la politique. Dans les premières décennies après l’indépendance, le principal sujet de discorde était la définition et le contrôle des États légués à la région par l’impérialisme. Dans le dernier quart du XXe siècle, la question s’est déplacée vers les régimes, en particulier leur stabilité. Au moment de l’invasion américaine de l’Irak en 2003, l’engagement international dans la stabilité a été abandonné au profit d’un changement de régime – souvent présenté comme une « promotion de la démocratie » – et les soulèvements du « Printemps arabe », moins d’une décennie plus tard, ont scellé le sort de nombreux régimes qui avaient fondé leur règne sur la longévité et une familiarité qui leur a permis d’appréhender l’espace public, lorsqu’il se présente, depuis une position forte.
Aujourd’hui, l’entreprise commerciale complète et supplante de plus en plus l’État et le régime en tant qu’unité d’autorité politique et norme d’aspiration politique. Ce virage vers le marché, qui a été encouragé à l’échelle internationale et adopté par les gouvernements de par le monde, reflète une reformulation des principes de la citoyenneté en redéfinissant la relation entre gouvernants et gouvernés.
Revue de presse
La Presse 22-05-2023
الشعب عدد 1747 18-05-2023
Le Temps 18-05-2023
جريدة المغرب الإلكترونيّة 14-05-2023
Résumé
The exercise of political authority in the modern Arab world has seen three eras of contestation as states, regimes and private enterprises served in turn as the measure and locus of politics. In the first decades after independence, the principal focus of contention was definition and control of the states bequeathed the region by mperialism. In the latter quarter of the twentieth century, the emphasis shifted to regimes, particularly their stability. By the time of the US invasion of Iraq in 2003, international investment in stability was abandoned in favor of regime change—often framed as “democracy promotion”—and the uprisings of the Arab spring less than a decade later sealed the fate of many regimes that had based their rule on longevity and familiarity.
Today the business enterprise supplements and increasingly supplants both state and regime as the unit of political authority and the standard of political aspiration. This turn to the market, which was encouraged internationally and embraced by governments across the
region, reflects a reformulation of the principles of citizenship as it redefines the relationship of rulers and ruled.