Résumé
Cette intervention se situe dans le cadre des activités menées durant l’année 2024 par le département des arts et culture sur le thème de « l’interférence des arts ». Différentes créations notamment d’artistes tunisiens y ont été analysées du point de vue de l’interférence des arts.
Je parlerai, ici, de la notion de transcréation qui caractérise le processus d’intensification de la réception dans l’interférence des arts.
En effet, à partir du moment où les différentes révolutions formelles ont libéré les arts de l’appartenance exclusive aux genres et aux catégories spécifiques, le sens de l’œuvre ne peut plus résider dans la référence à une norme mais dans la liberté et l’intensité des tracés, du son ou du geste. A ce niveau le Ut pictura poesis ne doit plus concerner l’équivalence dans la mimesis mais la dynamique créatrice, produite à travers les rencontres par contagion, par détournement ou par mixage entre différents arts. Le concept de « transcréation » traduit au mieux cette interférence des arts actuels devenus polyvalents. Hors du paradigme de la représentation, le processus de création est ainsi appelé à être pensé comme devenir et comme transgression des genres et des limites qui poly-sensorialisent la réception par proximité ou immersion ; cette intensification trans-créative génère un art qui se confond avec la vie.
L’intérêt de cette approche réside aussi dans le fait de rendre désuète la séparation formelle entre création et réception, car le travail de l’œuvre est lui-même ouvert aux rencontres et aux apparitions. La réception dépasse dès lors les fonctions surdéterminées des organes des sens et leur polarité pour s’élargir à une corporéité désirante, partageant le même espace que celui de l’œuvre, y éprouvant ses propres forces et potentialités à travers les vibrations de mouvements / sons / couleurs.