Dans le cadre des activités académiques du département des sciences de l’Académie Tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït al-Hikma, le Pr. Rafik Boukhris a donné le vendredi 20 mai 2022, une conférence intitulée « Exergie et abiogenèse », et modérée par la présidente du département Amel Ben Ammar Elgaaïed.
L’exergie et l’abiogenèse sont généralement considérées comme deux sujets différents en biologie.
Cependant, Dr. Rafik Boukhris a expliqué, durant son intervention, que des travaux récents, ainsi que les théories de la complexité et de l’évolution de l’univers, ont montré qu’il y avait bien une relation entre la thermodynamique et la génération spontanée, c’est-à-dire, la production d’êtres vivants issus directement de la matière brute.
L’exergie exercerait une pression sélective universelle (pression entropique). Cette pression semble exister aux niveaux moléculaire, biologique, sociétal, et elle peut entraîner un certain nombre de conséquences intéressantes.
Il reste encore beaucoup à faire pour augmenter notre compréhension de la relation entre l’exergie et l’abiogenèse. Comprendre la pression entropique peut permettre d’établir des théories solides sur la vie dans le passé et de prévoir la nature potentielle de la vie dans l’avenir. Ces prévisions peuvent nous aider, par ailleurs, à mieux appréhender la nature et la rareté de la vie au-delà de la planète Terre.
Résumé:
Si, comme a dit Léonard de Vinci, le plaisir le plus noble est celui de « comprendre », cet exposé a pour but de tenter de comprendre quelques données récentes liant l’énergie au macro-monde de l’univers et au micro-monde, non seulement des particules fondamentales mais aussi à celui du vivant.
L’énergie, et plus précisément les ‘gradients d’énergie’, sont en effet la cause principale de la naissance de notre univers puis, de l’apparition de la vie dans, probablement, des micropores minéraux près de sources chaudes des évents des fonds des océans primordiaux.
Notre vie de tous les jours serait impossible sans l’énergie et, en fait, nous et nos cellules, nous ne sommes vivants que grâce à des gradients d’énergie, la mort d’un être vivant n’étant en définitive que la disparition de ces gradients.
Et pourtant, la vraie nature de l’énergie est encore inconnue. Bien que Werner Heisenberg (Nobel de physique 1932) ait dit que l’énergie est « la cause fondamentale de tout changement dans le monde», trente ans plus tard, Richard Feynman (Nobel de physique 1965) avouera : « En physique, aujourd’hui, nous ne savons pas ce qu’est l’énergie ».
Cet exposé revoit aussi la relation entre l’énergie et l’humain, et particulièrement son cerveau. Lorsqu’il y a 2000 ans, le périégète grec Pausanias a visité le temple d’Apollon, à Delphes, il a vu écrit, sur son fronton, la phrase célèbre qui commençait par « Gnothi Seauton », et qui est « Connais-toi toi-même et tu connaitras alors l’univers ».
Or la connaissance de notre « Soi » ne peut être faite que par la connaissance de l’action des gradients d’énergie sur la fonction de notre cerveau, donc, de son « conscient », mais surtout, de son «inconscient». Le premier n’étant qu’une : « île minuscule surnageant sur l’immense océan » du second.
On n’a encore fait que de très petits progrès dans la connaissance de la structure et surtout de la fonction de ses 100 milliards de neurones, de ses 100 000 milliards de synapses et de ses 160 000 kilomètres de « câbles » reliant ses différentes parties.
Se connaître soi-même ne serait (peut-être) réalisable que dans un lointain futur. En attendant, je crois qu’il vaut mieux inverser l’inscription du fronton du temple de Delphes : « Comprends l’univers, et tu te connaitras alors toi-même ».
Dossier de presse